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LINGANE
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17 mars 2009

chronique télé, épisode IV

Les enfoirés font leur cinéma (TF1, 6 mars)

23 ans déjà que la grand-messe des bonnes oeuvres du show-biz existe. Certains pensent la volonté de Coluche profanée. Pas sûr... Un simple coup d’oeil sur la chanson originale des si bien nommés "Enfoirés" est assez révélateur.

Souvenez-vous...

Moi je file un rencard à ceux qui n'ont plus rien
Sans idéologie, discours ou baratin
On vous promettra pas les toujours du grand soir
Mais juste pour l'hiver à manger et à boire

Le message est clair : sans idéologie, ni espoir de grand soir, juste la soupe populaire à vie. Vient ensuite la voix geignardo-provençale d’Yves Montand (considéré à l’époque comme un penseur et un économiste, comme quoi les années 2000 ne sont quand même pas si mal !)

A tous les recalés de l'âge et du chômage
Les privés du gâteau, les exclus du partage
Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste
Demain nos noms peut-être grossiront la liste

Vision éclairante : si des gens ont faim dans un pays riche, ce n’est pas parce que le système est mauvais, non ! c’est juste le résultat d’un immense examen ("tous les RECALES"), le bac à vie ! Et face à cela, les bons élèves se dévouent, avouant cyniquement leur motivation véritable ("c’est en fait égoïste").

Aujourd'hui, on n'a plus le droit
Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi

Tout le monde a entendu ce célèbre refrain. Plus égocentrique, y’a pas. Pourquoi devrait-on avoir moins faim et moins froid "ajourd’hui" ? 1970, c’est permis, 1986, c’est interdit ? Le sous-entendu est celui-ci : nous, progressistes au coeur tendre, sommes la crème de l’humanité, aucune époque ne dépasse la nôtre, donc la pauvreté est intolérable, ah mais ! En plus, c’est pas tendance, coco, la faim, c’est "dépassé" (où l’on apprend que les injustices sociales sont une affaire de mode). Jean-Jacques Goldman, le parolier, en remet une couche sur l’égoïsms sous-jacent de l’opération ("je pense à moi") au cas où on aurait pas compris.

Autrefois, l'on gardait toujours une place à table
Une chaise, une soupe, un coin dans l'étable
Aujourd'hui, nos paupières et nos portes sont closes
Les autres sont toujours, toujours en overdose

Dans ce couplet, Véronique Genest (star de l’époque, incarnation de la femme de gauche au regard grave et tendre, genre Miou-Miou) dresse un portrait très "Rémi Sans Famille" d’un passé somme toute assez vague. "Autrefois", c’est 1965 ? 1848 ? 1515 ? ‛Sait pas ! Elle semble toutefois négliger que l’ancien régime connaissait bon nombre d’institutions d’aide aux miséreux (corporations, hôpitaux, hospices..) et que les trente glorieuses avaient tout ce qu’il fallait, merci pour elles. Ne reste plus qu’une période, ce XIXe siècle bourgeois, âge d’or du "patron charitable" et de "l’auvergnat sans façon". C’est précisément cette époque que réhabilite l’opération coluchienne.

Mais voici le sommet de l’oeuvre, anonnée par Michel Drucker. Attention, c’est du lourd.

J'ai pas mauvaise conscience, ça m'empêche pas de dormir
Mais pour tout dire ça gâche un peu le goût de mes plaisirs

No comment, comme on dit...

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goût de ses plaisirs

* * *

Cérémonie des Césars (Canal, 27 février)

Renaud Camus a souvent évoqué l’obscénité, si souvent confondue avec la vulgarité. Rarement cette obscénité s’est incarnée comme avec la prestation de Yolande Moreau lors de cette cérémonie. Habituée à se moquer des pauvres depuis des décennies (elle rejoint la troupe de Deschamps, créateur des sinistres Deschiens, en 1989), césarisée pour un film destiné à faire pleurer dans les chaumières, Moreau monte sur scène et se met à remercier, d’une voix surjouée de semi-débile, son réalisateur : "On s’est rencontré au SuperU. Au SuperU, y’a tout pour Séraphine." Voilà les paroles de Yolande Moreau, fille de bourgeois belge (père négociant en bois, mère au foyer). Voilà l’obscénité : ressentir une gêne PHYSIQUE à imaginer la vision du peuple que possède cette sorte de gens (vision très répandue dans le cinéma, penser aux films d’un Bruno Dumont, d’un Dany Boon ou d’un Albert Dupontel) : des trisomiques passant leur vie de merde au supermarché, vêtus de blouses à fleur, avec un physique aussi laid que celui de Yolande Moreau.

ROSSETTI

comme je suis sympa, plutot qu'une photo de  Yolande, je vous ai choisi cette peinture. Merci qui? Merci Lingane!

* * *

JT de Canal

Deux phrases glanées au hasard des jours.

La première fait suite à un reportage sur un vieillard californien de 90 ans, ruiné par Madoff, qu’on voit réduit à travailler dans une supérette. Commentaire de Flaurence Dauchez : "formidable Amérique"

Formidable, en effet, travailler à 90 balais ! génial !

La seconde est un commentaire du JT de la chaîne 100% info russe : "Russia Today aime bien chercher des poux dans la tête de Washington".

C’est bien connu que Canal, CNN, Fox News, la BBC ou France télé, elles, ne cherchent jamais de poux dans la tête de Moscou !

obama_en_slip

BIEN.

POUTINE

PAS BIEN.

* * *

C DANS L’AIR (France 5, 3 mars)

Le thème du jour était consacré à la crise au Japon. Sujet intéressant et instructif, mais pas autant que la pensée de François Sabouret, "sociologue d’Etat" comme dirait Michéa. Alors que plusieurs reportages nous apprennent que le Japon souffre pour la première fois d’un chômage massif, que leur archipel est surpeuplé, que reproche notre sociologue à ce pays ? De ne pas "s’ouvrir à l’immigration", bien sûr ! Sont-ils bêtes, ces Japonais, tout de même !

TOKYO

pas un seul immigré, trop la honte !

* * *

Saint-Jacques...La Mecque (France 2, 8 mars)

Bien sûr, on pourrait parler des défauts de ce film de Coline Serreau. Bien sûr, on pourrait critiquer sa vision un peu caricaturale du clergé français. Mais ça fait du bien de temps à autre de laisser de côté la politique, de s’assoir et de profiter des images. La plus grande partie du film se déroule dans les paysages somptueux, sauvages et doux du Massif Central et de la Gascogne, entre Le Puy-en-Velay et Saint-Jean-Pied-de-Port. Coline Serreau nous offre là un merveilleux cadeau, ces images enchanteresses des prairies blondes du Cantal, qu’on dirait posées exprès pour les promenades d’amoureux, ces caillasses blanches et grises des Causses, ces petits villages médiévaux un peu assoupis...Toute une France d’à-côté, pas encore détruite par la mondialisation effrénée. Une France des blés, des châtaignes, des rivières et des châteaux, la France des grandes vacances de l’enfance, de la nationale 7 sous les platanes et des grillons de nuits étoilées.

Oui, oublions un instant, un instant seulement, la politique et songeons que la France est belle. Encore.

stjacques6am

platane_p60

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Commentaires
E
La peinture, si je me souviens bien, c'est une représentation de Béatrice, l'aimée de Dante.
G
Mais c'est un plaisir.
L
c'est en effet une information capitale, qui modifie totalement le fond de l'article. Heureusement que vous êtes là.
G
C'est pas Véronique Genest qui chante sur le disque des restos du coeur, c'est Nathalie Baye.<br /> Quand on se veut sérieux on vérifie ses infos.
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