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LINGANE
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5 juillet 2009

Les couleurs primaires de l'architecture urbaine

Je ne sais pas si vous l'aviez remarqué, mais l'on reconnaît à tout coup une école primaire aux huisseries des fenêtres, invariablement de couleurs criardes, jaune, bleu, vert ou rouge. Les façades sont lisses (un an d'âge) ou craquelées (deux ans d'âge).
Quel est le message de ces huisseries ? Rappelons-nous des pensionnats des années 50. des images vous viennent à l'esprit : les 400 coups de Truffaut, Zéro de conduite. Les pissotières sinistres, les lits à barreaux, les pyjamas de tergal, le savon jaunâtre, les coupes en brosse, le surveillant général, les murs gris.
Bref, l'école d'antan évoque la prison.
Rien de tout cela aujourd'hui. Nos écoles primaires sont sympas. De gentils coloriages aux murs, et surtout, surtout, des couleurs vives. Nous sommes là pour nous amuser (oublions un instant que la compétition commence maintenant dès le CP, d'accord ?). Nous sommes là pour être heureux.
Vous ne le voyez toujours pas ? Admirez les entrées de ville, si décriées, si faussement décriées : des centres commerciaux sympas, (oh ! Le gentil hippopotame du restau, oh ! les belles couleurs du McDo, oh ! les jolies couleurs du Conforama !). Mais le client est roi, n'est-ce pas ? Le client ne doit jamais (jamais ! ) oublier qu'il vit l'âge d'or de l'humanité, le client ne doit jamais oublier que le passé est ténèbres et grisaille (quand on pense qu'en 1975, il n'y avait que du concentré de tomates comme sauce !). Le mouton est tondu, mais avec une tondeuse fluo.
Toujours pas convaincu ? Bien. Entrons plus avant dans la ville. Après les commerces, les pavillons. Ah! On est loin des mesquines maisons grises d'antan (ces maisons qui bordent les rues principales des sinistres petits villages). A l'âge d'or, le peuple a conquis le droit citoyen de vivre dans une villa d'un quartier résidentiel. Là encore, admirez les couleurs des façades. Jaune crème onctueux dans le Nord, Rose saumoné dans le Sud. Et le petit morceau de gazon démocratique (arrosé de pesticide, bien entendu), juste devant les palmiers bordant la chaussée! On est loin du platane vulgaire, tout juste bon à ombrager le populo à casquette pratiquant son sport de ringard, la pétanque, tout en buvant son pastis.
Non, ici, voyez-vous, c'est un quartier sympa. Silence, calme, et hypermarché à dix minutes.
Oh, bien sûr, le centre-ville n'est pas oublié, nous y allons acheter notre pain le dimanche, et quelques tranches de Serrano chez le charcutier (pardon : le traiteur). Mais ces immeubles, mon Dieu ! D'un gris plâtreux, et il doit y faire si sombre…
Continuons notre chemin. Après le quartier résidentiel, voici (sonnez trompette, roulez tambour!) le nouveau quartier de standing de la cité : à cinq minutes (à pieds!) du cœur historique, dix immeubles luxueux (mais pas trop haut, bien sûr, nous ne sommes plus dans les années 70, nous avons postmodernement corrigé les dérives de cette époque) vous attendent.
Là encore, même scénario : façades crème (ou rose saumoné), mais quelque chose cloche. Le piéton se fait rare, le touriste ne vient pas. Pourtant, entrons dans l'un de ces immeubles, entrons dans un appartement : tout y est propre, spacieux, confortable, net.
Mais c'est à l'intérieur.
Incontestablement, le goût intérieur s'est amélioré depuis quelques décennies : plus d'affreux papier peint dégoulinant de fleurs. Plus de meubles sinistres, massifs, noirs. Plus de cloisons entre salon et salle à manger. Plus de grosse horloge au tic-tac obsessionnel.
Lorsqu'il s'agit de nous, fini de rire, fini le sympa, fini les couleurs criardes des façades, fini le béton bon marché des façades. Chez nous, nous voulons du high-tech, du 16/9e, du canapé cuir, du four électronique.
La façade? La laideur des immeubles? Ah oui, mon bon monsieur, c'est laid, certes, mais que voulez-vous, c'est comme ça. Le beau ça coûterait trop cher (dit l'homme moderne, pourtant persuadé que l'on crevait de faim au XIXe siècle).
Ainsi parle l'homme moderne, ainsi le Grand Parc d'Attraction Mondial continue de ronger nos villes et nos campagnes, ainsi progresse l'écolmaternellisation du monde.

CAF
Fun les allocs ! youpie :)

page5_blog_entry179_sae_gemenos
kikoolol l'école ;)

quincaillerie_de_cosne
pas fun, le vieux bois :(

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Commentaires
H
On construit tout le temps des grandes baies vitrees impossibles à chauffer en hiver, impossibles à rafraichir en été et qui s'envolent avec les tempêtes.<br /> <br /> Pour les appartements, ces baies plutôt que des fenêtres empêchent la possibilité de poser des meubles. etant donné que la lumière vient d'en haut, il n'est pas utile de "descendre" la fenêtre jusqu'en bas.<br /> <br /> Il y a aussi ces "cuisines à l'américaine" qui consistent à poser une plaque de cuisson , un évier inox et un table top dans le séjour avec un petit muret de séparation. Résultat : le promoteur immobilier a supprimé une pièce non comptée dans le type (T1, T2 etc.) ni vu ni connu, à savoir la cuisine! Avec les odeurs de cuissons dans le séjour!<br /> La vraie cuisine était un lieu de convivialité notamment au petit déjeuner le matin.<br /> <br /> Enfin, il y a aussi cette tendance au store déroulant, et c'est attristant de voir ces belles échoppes d'autrefois, défigurées par l'installation de nouvelles fenêtres avec store déroulant.<br /> En effet, il y avait une règle de proportion qui était respectée autrefois sur le format de la fenêtre : rapport hauteur / largeur adapté à l'architecture. De plus, les volets en bois donnaient plus de valeur esthétique à la maison. <br /> <br /> Les volets c'est plus pratique : nul besoin de manivelle ou de moteur pour les ouvrir, on peut les entrouvir en été ; alors que pour le store, attention baissez la tête!<br /> <br /> En résumé, le quartier résidentiel postmoderne c'est : grandes baies vitrée, pas de cuisine (l'acheteur en est content en plus, lool), rapport de forme hauteur largeur des fenêtres inesthétique, pas de garage à vélo ou moto, pas de buanderie ou d'aménagements sur le balcon pour sécher le linge (tout le monde au sèche-linge et tant pis pour le réchauffement climatique)<br /> <br /> D'ailleurs, lors de la vente des appartements, on dirait que les personnages présentés sur le dessin 3D de la résidence, sont comme des bibelots sur une étagère. On oublie qu'un appartement, c'est pour y vivre et qu'il faut prévoir des aménagements pour sécher son linge ou arroser ses fleurs sans que tout coule sur le linge du voisin du dessous.<br /> <br /> Mais dans la société postmoderne, pas de place pour les fleurs. Sans rire dans ma résidence, on a reçu une note du syndic nous demandant de ne plus mettre de fleurs sur la rambarde du balcon, sous le prétexte que cela abimait la dite rambarde qui venait d'être repeinte!
E
C'est bein vrai que l'architecture moderne est immonde.<br /> <br /> Il faudra changer cela ,quand nous serons au pouvoir.
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