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6 août 2009

l'horreur éoliennesque

article de Valeurs Actuelles:

La guerre des éoliennes

Vladimir de Gmeline, le 06-08-2009
     

      

   

   

Destruction des paysages, nuisances sonores, querelles de villages, chute de l’immobilier et baisse du tourisme : la “fée éolienne” commence à perdre de son attrait. Reportage en Auvergne et en Aveyron.

C’est un petit chemin abrupt et ombragé, accroché à flanc de colline au-dessus du village de Blesle (Haute- Loire), sur les contreforts du plateau du Cézallier. Il faut une demi-heure de marche sur ce sentier caillouteux, coincé entre les arbres et les épais buissons, avant d’arriver à quelques prairies désertes, puis sur un vaste plateau d’estive. Il y a des champs de blé et des prés séparés par des murs de pierre sèche, le souffle du vent dans la lumière du soir, le bruit des cloches des vaches. Deux d’entre elles s’affrontent, cornes contre cornes,dans un sourd roulement de sabots. Le troupeau suit la bagarre, curieux comme des enfants dans une cour de récréation, au milieu d’un nuage de poussière. Personne. Le regard se perd au loin, sur ces montagnes vert et ocre. Puis accroche.Une,deux,trois,quatre, éoliennes à l’est, à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau. En fait, il y en a plus, des petits paquets disséminés çà et là, leurs grandes pales blanches qui tournent et le clignotement régulier de leurs feux de signalisation pour prévenir les pilotes des avions.

Elles sont loin. Il y a les 26 éoliennes d’Ally, celles de Tallizat et de La Fageolle. Ici, il n’y en a pas.Pas encore. Car des projets, il y en a partout. En Auvergne, en baie de Somme, en Aveyron, face au Mont-Saint-Michel, dans la Beauce, à l’île de Ré, dans la baie de Saint-Brieuc, à Noirmoutier… Elles sont 2 500 aujourd’hui, mais le Syndicat des énergies renouvelables (Ser), qui réunit entre autres les entreprises du secteur de l’éolien, a de grandes ambitions : de 12 000 à 15 000 à l’horizon 2020.

Une manne inespérée et la satisfaction de sauver la planète

Quotidiennement,des représentants de cabinets d’étude et de conseil démarchent les propriétaires et les municipalités pour leur proposer l’implantation d’une éolienne sur leur terrain, en échange d’un loyer de 1 000 à 6 000 euros annuels et du versement d’une taxe professionnelle conséquente. Une manne inespérée pour des agriculteurs en difficulté et des maires à la recherche de finances pour leur village.Avec la satisfaction de participer au sauvetage de la planète, en produisant une énergie propre et en réduisant les émissions de CO2.

Mais ce quotidien devient plus difficile depuis quelque temps, et le président du Ser, André Antolini, qui fut auparavant celui de la Fédération nationale des promoteurs constructeurs (FNPC), se plaignait dans un article du Point en octobre 2008 des difficultés croissantes pour le développement de l’éolien en France, notamment en raison des fortes oppositions, « d’adversaires très organisés » et de difficultés administratives.Et en effet, un peu partout, des opposants à l’éolien se dressent contre les projets et la puissance des organisations professionnelles, invoquant des nuisances paysagères et auditives disproportionnées au regard du faible rendement d’une technique présentée comme l’alpha et l’oméga des énergies propres (lire notre article page 11), ainsi que des méthodes parfois à la limite de la légalité. Des associations antiéoliennes se sont créées, comme Vent de colère, la Fédération environnement durable (Fed) a manifesté,des maires ont refusé des permis de construire, des préfets ont émis des doutes,provoquant l’agacement du ministère de l’Écologie,des procédures ont été lancées. Aujourd’hui, l’éolien fait l’objet de féroces affrontements. Pour ses promoteurs, l’heure tourne et l’urgence est de prendre un maximum de baux, afin de pouvoir créer des zones de développement éolien (ZDE).

La crise financière a ralenti le rythme des constructions, mais, selon Jean- Louis Moret, habitant de Massiac, au sud de Clermont-Ferrand, en lutte contre un projet d’implantation de neuf machines sur le plateau de Molonpize,« lorsque la situation économique sera plus favorable, les champs d’éoliennes apparaîtront, plus vite qu’on ne l’imagine, sur des terrains qui sont déjà prêts à les accueillir. »

Pour l’heure, le plateau qui domine Blesle ne bruit donc que du souffle du vent et du tintement des cloches.Dans d’autres endroits, aussi grandioses que celui-ci, les éoliennes écrasent le paysage, mangent l’espace et ruinent les perspectives.Et les habitants des fermes et des maisons alentour doivent vivre avec le bruit entêtant des pales et de la génératrice.Le plateau du Cézallier est désormais touché,avec 26 éoliennes de 0,8 mégawatt (MW) sur la communauté de communes d’Ardes-sur- Couze (Puy-de-Dôme) : «Vous verrez, c’est un endroit d’une beauté à couper le souffle, encore plus impressionnant que l’Aubrac… », nous a prévenus l’abbé Roze, curé de la paroisse de Pierrefort, infatigable arpenteur de la région et opposant désormais emblématique aux éoliennes.Dans un documentaire de Nicolas Robida diffusé en octobre 2008 sur France 5,Vent de fronde contre l’éolien, il faisait découvrir le saccage du territoire d’Ally et ses conséquences sur la vie quotidienne de certains de ses habitants.

Le lendemain matin,il nous guide sur les routes du plateau,carte posée à côté du volant. La quarantaine, chemise et pantalon noirs,la barbe taillée en bouc, il connaît beaucoup de monde. Et déplore l’un des nombreux dommages collatéraux de l’implantation d’éoliennes : « Il y avait dans ces montagnes un esprit particulier, la vie y est rude et les gens s’entraidaient, se parlaient.Mais là, c’est la fin de nos villages, il règne une ambiance délétère. » Il y a ceux qui ont des éoliennes et touchent de l’argent… Et ceux qui n’en ont pas et subissent les nuisances. On se soupçonne de prises illégales d’intérêt,puisqu’il arrive régulièrement que maires et membres du conseil municipal aient des éoliennes chez eux : «La population, elle,n’est pas consultée », explique un habitant qui préfère garder l’anonymat, « si le promoteur en proposait à tout le monde, cela ferait monter les enchères, là il peut rester dans une fourchette de loyers qu’il estimera raisonnable pour lui. »

Une assignation a été délivrée à Agréole Développement. Cette SARL de développement de projets d’industrialisation d’énergies renouvelables, ainsi que la SAS Agréole et ses filiales Énergiéquitable ont été créées par cinq syndicats agricoles,la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) Auvergne, les Fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Cantal et de la Haute-Loire, les Jeunes agriculteurs du Cantal et de la Haute- Loire. Selon les plaignants, il est interdit à un syndicat de créer une société autre qu’une coopérative et de redistribuer des bénéfices.

Sur la crête du Cézallier, qui domine la Limagne, s’alignent les 26 éoliennes. Elles font une centaine de mètres de haut et l’on ne voit qu’elles. Elles sont placées le long de la route et des panneaux mettent en garde contre le danger de projection de glace.En hiver, le givre formé sur les pales peut tomber par blocs entiers… « Ça annihile les choses, les proportions changent et l’impression d’infini disparaît », déplore l’abbé. Il cite des exemples de familles qui se sont repliées sur elles-mêmes après avoir essayé de lutter : « C’est comme la chèvre de monsieur Seguin, ils ont cru pouvoir gagner, et une fois qu’ils ont perdu, ils ne veulent plus parler, ils essaient de préserver l’espace familial, craignent les représailles. » Un fils qui cherche à s’installer à qui on pourrait faire des difficultés, une route à proximité de la ferme qu’on ne remettra pas en état…

Des modes de vie bousculés au pied des volcans d’Auvergne

Jean-Luc Giraud est éleveur, ses vaches paissent désormais au pied des éoliennes : « C’est dégueulasse, c’est plus le pays d’avant. Il faut voir l’ambiance que ça a mis entre les gens, les vieilles histoires ressortent, c’est la campagne… Le bruit, on s’est habitué, il faut bien. » Pour lui, l’implantation des éoliennes à proximité des routes est anormale. Il constate aussi que des chemins ont été défoncés pour permettre l’accès durant les travaux et que malgré les promesses, ils n’ont jamais été remis en état :«Ça a complètement changé notre vie, on est avec elles, tout le temps… De mon salon, j’en vois huit ! Pourtant, on fait partie du parc naturel de volcans d’Auvergne. “Naturel”, ça ne veut plus rien dire. » Fataliste, il conclut : «Mais bon, c’est le business… »

À Ally, où le maire, Marie-Paule Olagnol,s’enorgueillit d’avoir fait de sa municipalité un précurseur dans le domaine de l’éolien, les liens sont restés très étroits avec l’entreprise canadienne Boralex, qui a installé les machines. Des touristes viennent visiter les parcs d’éoliennes en car,en commençant par de vieux moulins traditionnels,pour la modique somme de 9 euros. Et pour 18 euros, on vend dans le petit restaurant de la place du village des maquettes d’éoliennes en bois.Cet été, les cars sont moins nombreux.En revanche,tout au long de l’année,ceux qui transportent conseils municipaux et candidats à l’acquisition d’une éolienne un peu partout en France, continuent de venir visiter les parcs, amenés ici par les promoteurs afin de les convaincre.

Mais tout le monde ne vit pas aussi bien cette proximité avec des machines omniprésentes.Yves Bagès est agriculteur et songe à quitter le pays,même si sa famille est installée sur l’exploitation depuis plusieurs générations :«Le bruit est insupportable, assourdissant, ça vous prend la tête. Tant qu’on est sur le tracteur et qu’on travaille, ça va, mais la nuit, c’est terrible. Il y a quelques jours,avec le vent du nord, personne ne dormait dans la maison, même bien fatigué.Aujourd’hui, ça va. » Derrière la ferme, à 700 mètres de là, les pales émettent un son qui fait penser à celui d’une route ou d’un avion à l’approche.Les traits tirés, Yves répète : « C’est un bruit continu, continu, continu, continu… » Sa mère, épuisée, ne parle plus que de cela : « On l’a réveillée vers midi aujourd’hui, pour une fois qu’elle dormait. » Chez une voisine,Boralex a installé des doubles vitrages. Selon lui, l’immobilier a chuté de 40 %.Un agent immobilier lui a confié : « J’ose pas te dire ce que tu as perdu, ta ferme est invendable ! »Avec quatre autres personnes, il a déposé une plainte contre la municipalité sur les conditions d’installation des 26 éoliennes et s’oppose aux 14 qui doivent encore être installées.

En Aveyron, sur le plateau du Lévézou, la résistance s’est organisée de manière particulièrement pugnace. Jean Marty, éleveur à la retraite, est à la tête du collectif Agir pour le Lévézou. Le 24 juillet, il menait une manifestation pour protester contre les visites du parc éolien de Salles-Curan, où 29 éoliennes sont installées,occupant tout l’horizon au-dessus du lac de Pareloup. Dans ce “pays des sources”, les projets se multiplient : sur 98 éoliennes projetées initialement, 65 sont déjà construites, un permis de construire vient d’être accordé pour 15 autres,4 sont au contentieux et 10 en voie de construction. Ici, les gens se parlent à nouveau, unis dans un combat qui commence à porter ses fruits. Outre les nuisances, les élus craignent la fuite des touristes et la dépréciation de l’immobilier.L’implantation d’éoliennes est la hantise de ceux qui veulent ouvrir une chambre d’hôtes, un des principaux attraits du tourisme rural.Le préfet vient de refuser l’implantation de 25 éoliennes sur un total de 40,répartis sur quatre parcs, Saint-Laurent-du-Lévézou, Saint- Beauzély,Curan et Vezins-en-Lévézou.

Et certains propriétaires veulent désormais se débarrasser des machines qu’ils ont accepté d’installer :«On en a deux,6 000 euros par an par machine », explique un agriculteur, qui préfère garder l’anonymat,« et ils veulent nous en mettre une de plus pour 12 000 euros ! Mais on en veut plus, on ne savait pas que ce serait aussi bruyant : qu’ils les démontent et qu’ils gardent leur pognon ! »

Claude Benoît, lui, n’en a jamais voulu. Les six éoliennes de Viarouge, sur la route de Rodez, sont chez un voisin, qui n’habite pas là mais touche les loyers : « Ça lui fait autour de 25 000 euros par an.On m’en proposait trois sur les six.Les promoteurs venaient me voir deux fois par semaine.Pendant quelque temps, je n’ai pas dormi, des gens me disaient : “Toi, ça se voit que tu as de l’argent, tu craches dans la soupe ! Je me demandais si je ne passais pas à côté de quelque chose…» Il a tenu bon et laissé l’argent filer chez son voisin : «On est ici depuis 1835.Aujourd’hui, je suis content car je laisserai à mon fils une exploitation nickel ! Il ne veut pas d’éoliennes, pas plus que ma fille : ils veulent avant tout que nous respections et conservions notre patrimoine.De toute façon, les trois quarts des jeunes sont contre ! »

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Commentaires
F
C'était pourtant une grande avancée des Kmehrs verts assistés de notre ivrogne de ministre de l'"encironnement"...
A
Elegant copié-collé que vous nous servez là, Lingane ... mais quel est votre avis sur la question ?
F
Il en est de même avec les tracés ferroviaires, autoroutiers, déchèteries et autres décisions qui profitent à certains (bien que cela doit profiter à tous) mais en lèsent d'autres.<br /> On ne fait pas d'omelette sans casser les œufs, <br /> l'article ne parle pas d'oiseaux décapités, de stress bovin ni de bébés naissant avec 3 bras....
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