Art et culture

Trop souvent ces deux termes sont confondus. Combien de fois n'avons-nous pas eu à subir les monologues pédants de cette caste pénible : les cinéphiles. Croyant pouvoir décrypter l'univers uniquement au travers la vision de films. Quelle absurdité ! On n'est pas obligé, ni capable (moi le premier) de s'intéresser à tous les arts : musique, peinture, danse, cinéma, sculpture, architecture ; mais il me semble impossible de s'intéresser à l'un ou l'autre de ces arts sans un minimum de culture.

Or souvent, le cinéphile se croit cultivé parce qu'il bouffe de l'art cinématographique à longueur de temps.

Alors ?

Alors, comme souvent, c'est Confucius qui avait raison : à la base de tout, il faut un dictionnaire, c'est-à-dire de bonnes définitions, claires, courtes.

Qu'est-ce que la culture ? C'est le savoir. Le savoir ne se trouve pas dans 250 endroits, mais dans deux : la vie (l'expérience) et les livres. Seul le livre permet de fixer la pensée et le concept, permet de s'y attarder ou de sauter quelques pages, de revenir en arrière, de comparer tel ou tel passage. Le livre contient le savoir et permet la culture, dont on oublie trop souvent la définition basique (cultiver la terre). Et puis il manque un complément à ce verbe "se cultiver". Se cultiver quoi ? Mais le cerveau ! De même que le travail manuel cultive la matière et y fait pousser les plantes, le travail intellectuel cultive l'esprit et y fait pousser le savoir.

On le voit, rien à voir avec l'art. L'art n'est pas la culture, mais l'expression de la culture. La culture permet de créer (actif) et/ou d'apprécier la création (passif).

Bernanos écrivait, dans un de ses fabuleux essais de la fin des années 30, que le poilu de 1914, sans culture, ne pouvait concevoir le patriotisme, l'amour du pays, sans culture. Le poilu de 1914 prend le train. A sa fenêtre, défile un paysage, une colline, une église, un champ. Sans culture, sans connaissance de l'Histoire, cette colline, cette église, ce champ ne signifient rien. Le poilu acculturé ne le voit pas, et donc n'éprouve pas de sentiment quelconque (et sans sentiment, pas de nationalisme, contrairement à ce que croient beaucoup de pseudo "nationalistes", plus attirés par la haine et les vaines gloires de la guerre de conquête -donc de la guerre impériale).

S'émouvoir d'un paysage, en tirer des images mentales, c'est aussi l'expression de la culture (en particulier de la culture historique).


De même, regarder, décortiquer, analyser des films sans culture livresque (ou sans expérience de sa propre vie), cela revient à regarder sans voir un paysage, d'un wagon militaire de 1914.




devinette : dans quel endroit se cultive-t-on le mieux?

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