l'amour selon Alexandre Jardin
Vu ce soir chez Ruquier l'écrivain (faut le dire vite, vu l'extrait abominable lu, avec gloussement de contentement par l'auteur himself) Alexandre Jardin. Je n'ai jamais lu cet auteur, mais je me souviens avoir vu un film de lui, Le Zèbre. Film que j'avais détesté par son mélange, très comédie italienne de bouffonnerie et de mélodrame.
Visiblement, l'histoire du Zèbre est la même que celle de Quinze ans après, qui lui-même ressemble à Fanfan.
La thèse centrale de l'auteur est que l'amour meurt par manque de surprise, d'étonnement, de rebondissements incessants. Il faudrait vivre dans un mouvement éternel, délirant, sans arrêt en extase face à l'originalité de l'autre.
Je trouve cette vision complètement débile, si je puis me permettre ce jugement abrupt (et coup de pot : je peux, je suis ici chez moi, quel pied).
Mais plus que débile, je trouve ça infantile, et pour tout dire, très cliché romantique.
Alexandre Jardin, 44 ans. Ben on dirait pas.
La vraie joie du couple, c'est le cocon (*), la certitude, la non-surprise, et l'émerveillement quotidien d'aimer cette personne, sans qu'elle ai besoin de prendre un billet d'avion première classe pour le Nicaragua.
Juste aimer ses sourires ou ses grimaces, ses goûts et ses formes, son allure et ses petites manies ridicules.
Aimer les petits rituels, le thé de fin d'après-midi, en silence délicat, les promenades, les calins et caresses du soir (ou du matin).
Juste aimer savoir ce qu'elle pense sans qu'elle ai besoin de le dire ; et pouvoir tout lui dire, du banal au tragique, du noble à l'innomable.
Quel besoin d'inventer des scénarios loufoques ? Pour prouver à l'autre que vous êtes exceptionnels ? Mais s'il vous aime, il vous place déjà dans l'exception, Alexandre !
en période des règles, soyez diplomates.
Quelques binaires me dirons sans doute que la routine ne peut suffire. OK. D'accord, mais de là à en faire un système, c'est juste prouver que quelque chose cloche.
C'est aimer la routine, ne pas la ressentir comme telle, le test de l'amour.
C'est très dans l'air du temps, j'y songe, la vision de l'amour de Jardin. Ce bougisme déifié. Comme ces gens qui font du tourisme vert, vous savez, ceux qui veulent rentabiliser leurs vacances en visitant 250 musées dans la journée, sans oublier les 20km de natation, de rafting, et un concert par soir, eeeet alleeeeez HOP HOP HOP.
Pfffouuuuu.
Qui a écrit, déjà, éloge de la lenteur ?
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(*) : le premier qui me sort une explication freudienne à la mords-moi le noeud sur ma vision positive du cocon, je lui demanderai s'il ne fait pas le maximum pour faire de sa maison un cocon. Ah y'a déjà moins d'amateurs de froid, de bruit et de solitude, là, mmm?
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