Déficit et budget de la France (1789-1945-2009)
Lorsqu'on est pas comptable, croyez moi, trouver des chiffres clairs sur les comptes de la nation (état, collectivités locales, autres machins auxquels je ne songe même pas puisque je ne suis pas comptable) relève de la mission impossible. Lire les comptes de la nation, c'est d'un chiant, mais d'un chiant ! Outre le vocabulaire aride, le style est lourd et vraiment pénible.
Les chiffres que vous allez trouver ci-dessous sont donc, hélas, incomplets. J'eusse aimé connaître le montant de la dette publique pour 1789 : pas moyen. Idem pour l'ensemble des recettes et des dépenses de toutes les administrations pour 2009 : je n'ai pu trouver que les chiffres de l'Etat.
Mais, vous allez voir, c'est instructif, et passablement effrayant.
1789
Les recettes : 472 (on parle ici en unité de compte, donc franc, euro, livre, peu importe, il s'agit de donner un ordre de grandeur)
Les dépenses : 633
Déficit : -34 % (rapporté aux recettes, et non au PIB, ce critère pernicieusement rassurant)
Le service de la dette représente 261, soit 42 % des dépenses et 55 % des recettes.
(source)
1945
Recettes : 176
Dépenses : 390 (dont 175 pour l'armée)
Dette publique : 1800 (soit 10,23 années de recettes fiscales)
Déficit : -122 %
source : Mémoires de Guerre du général de Gaulle
2008
Accrochez-vous, parce que les chiffres suivants, vous allez pas les entendre souvent énoncés sur TF1 ou dans Le Monde !
Recettes : 291
Dépenses : 433
Dette publique : 1327 (soit 4,56 années de recettes fiscales)
Déficit : -49 %
(source)
Commentaires :
Par rapport à 1945, la dette publique est proportionellement moindre (5 années de revenus en 2008 contre 10 en 1789), mais à l'époque, les dépenses de l'armée, très fortes, pouvaient être facilement réduites une fois la guerre terminée et le taux d'imposition était très bas alors qu'aujourd'hui, il est quasi-impossible d'augmenter fortement la pression fiscale sous peine d'asphyxier l'économie. Et les dépenses militaires ne représentent plus que 36 milliard sur un total de dépenses de 433 milliards (soit 8 %, contre 45 % en 1945).
Par rapport à 1789, le déficit est d'ores et déjà plus important qu'à la veille de la Révolution et alors que nous sommes en temps de paix !
Pire, on pourrait se dire qu'au moins, ces fortes dépenses sont utiles à la collectivité, mais il n'en est rien.
Voici, en pourcentage, les postes de dépense les plus importants :
Remboursement du capital de la dette (chiffre très difficile à trouver, et qui ne rentre même pas dans les comptes du budget comme dépense, mais comme des "variations du bilan" (???) : 85 milliards (chiffre à la louche, le chiffre exact était de 80 en 2007, j'ai été sobre, compte tenu de la crise en ne l'augmentant que de 5 milliards...)
Bon, y'a trop de parenthèse, je le refais en plus clair, avec juste le pourcentage par rapport aux dépenses
-Remboursement du capital de la dette : 19,5 %
-Remboursement des intérêts de la dette : 10,5 %
-Salaires des fonctionnaires : 27,5 %
-Dépenses de fonctionnement : 8 %
Last but not least : -Investissement : 3,12 % (et oui, les fameux "routes, écoles, hopitaux, machintruc, qu'on nous rabache tout le temps pour justifier tout impôt "citoyen", et ben voilà : investissement 3,12 % vs pognon refilés aux capitalistes : 30 % et aux électeurs du PS : presque 30 % aussi. Voilà résumé l'UMPS !
Dans le détail, l'Etat dépense 14 % pour l'éducation (avec le brillant résultat qu'on sait...), 8,5 % pour la défense (dont des opérations super utiles en Afghanistan...), 5,5 % pour la recherche et...l'enseignement supérieur (encore!). (C'est vrai qu'on manque d'étudiants dans ce pays... - mille pardon pour ce déplorable accès d'ironie).
D'un autre côté, seulement 6 milliards dépensés pour la justice, mission pourtant essentielle de l'Etat. Quand à la culture, on sait quelle portion congrue le ministère apporte à l'entretien du patrimoine (qui devrait pourtant être sa mission principale, plutot que de subventionner l'art contemporain ou de vaseuses associations).
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