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LINGANE
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16 mars 2010

Finkielkraut, "philosophe"

Je sais pas vous, mais moi, j'ai toujours imaginé un philosophe comme une personne âgée, barbue, sage, calme, et s'appuyant sur un système philosophique solide, ce qui lui permet de ne quasi-jamais se contredire. Platon, Leibnitz, Aristote, Schopenhauer.

platon
philosophe normal


(je ne cite ici que la courte liste des philosophes que j'ai lu, ce n'est pas trop mon domaine de prédilection).

Visiblement, les "nouveaux philosophes" des années 70 ne correspondent pas à cette définition. Inutile de revenir sur le cas Gluksmann, tout le monde s'en fout, aujourd'hui, de l'homme à visage de squelette et cheveux de folle aux chats. Inutile aussi de revenir sur BHL, sans doute le plus fin des quatre (enfin, si, il faudra bien y revenir, sur le fond et sur son style, déplorable). Inutile de revenir sur Pascal Bruckner. Qui s'intéresse à Pascal Bruckner ? Je ne veux pas risquer d'ennuyer le lecteur.

Par contre, Finkielkraut, lui, c'est vraiment un cas. Un cas intéressant. Jusqu'à il y a peu, beaucoup de gens se laissaient avoir par son discours de boa constrictor hypnotique séducteur de la vieille droite, cette vieille droite si mal-aimée qu'elle est prête, toujours, à se laisser sodomiser par quiconque ne lui cracherait pas à la gueule.


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philosophe anormal


Mais s'il est bien une personne dont le portrait soit strictement inverse du philosophe-type tel que décrit au début de ce billet, c'est bien Alain Finkielkraut.

Âgé ? Oui, bon, il viellit, parait même qu'il a chopé un cancer, le pauvre, mais il parle, parle, parle, depuis quarante ans, maintenant.
Barbu ? Imberbe.
Sage ? Une petite anecdote personnelle. Il y a de cela quelques années, je voulais me rendre dans une librairie du Marais pour une séance de dédicaces d'Alain Soral. Comme à mon habitude, je suis arrivé en retard, mais cette fois-là, cette habitude m'a évité des désagréments. Voici lesquels :




Réponse de l'universaliste français Alain Finkielkraut sur Radio Communauté Juive : "Alain Soral n'est pas vraiment un essayiste, obsédé de longue date par les Juifs (NDLR : faux : quiconque à lu Soral peut démentir cette affirmation), ce n'est pas tout, il est dégoûtant (bigre, quel jugement serein, on est dans les hautes arcanes de la philosophie), sa prose vulgaire lui donne accès dans les talk-show les plus vulgaires (répétition : c'est pas joli-joli, Finkie... et puis c'est bien connu, on voit Soral tout le temps dans les médias, il a une tribune dans le Monde, le Nouvel Obs, Marianne, RCJ, pas comme toi, superrésistant Finkie, mmm?), alors les nervis qui se sont attaqués à lui ne se sont pas trompés de cible."
Ensuite, pour bien se convrir, Finkie "condamne" l'agression, mais en précisant : "il n'y a aucune raison de faire à des monstres (ah ouais, carrémment...), le cadeau (lol) de la victimisation".

J'imagine le dialogue :

Soral : -Je me suis fait agresser, lacrymogéniser, taper dessus !
Finkielkraut : -C'est de la victimisation.
Soral : -Ah ? je pensais que c'était plutot être victime. Et la pub hebdomadaire pour la Shoah, c'est pas plutôt ça, la victimisation ?
Finkielkraut : -Vous êtes un monstre dégoûtant et vulgaire.

Mais plutôt que d'inventer, continuons à écouter le vrai Finkie, vous n'allez pas en croire vos yeux du jésuitisme dont est capable cet individu.

"Il faut se demander pourquoi de jeunes gens sont portés à agir ainsi. J'ai une immense antipathie pour ceux qui ont agi ainsi mais il faut aussi de l'empathie même dans l'antipathie (?), il faut s'efforcer de comprendre pourquoi ils ont agi ainsi" (exactement le genre d'attitude que Kelcrottefine fustige lorsque certains veulent "comprendre" les racailles de banlieue -cela dit, sur Lingane, contrairement à la plupart des détracteurs de Kelcrottefine, nous ne tombons pas dans la contradiction inverse, nous estimons que les cailleras de banlieue et les "jeunes gens" de la LDJ, du Bétar ou autres organisation mafieuses n'ont pas à être comprises mais à être matraquée.)

Vient ensuite un passage assez obscur, si vous avez compris quelque chose, envoyez-moi un mail :

"Et pourquoi ont-ils agi ainsi, et bien d'abord parce qu'ils se racontent des histoires. Et tout le monde se raconte des histoires, tout le monde met en intrigue le magma de la réalité. Le problème c'est de savoir de quel roman nous sommes tributaires. À quelle fiction nous attachons notre vie, et le roman de ces jeunes excités, c'est une sorte de roman de gare, un pif-paf où ils se donnent le beau rôle de vengeurs de leurs aïeux assassinés (espèce de victimaire, và!), ou de ceux qui prennent les devants car ils ne se laisseront jamais mener, comme des moutons, à l'abattoir (et allons-y pour une nouvelle référence à 39-45). C'est ce mauvais film qui les conduit à la brutalité et à la bêtise du lynchage (scoop, ami lecteur : le lynchage est "une bêtise", vilain, pas bien. Deux heures de colle ?). Qu'est-ce qu'ils font, en agissant ainsi ? Ils comblent la distance, le fossé temporel qui les sépare de leurs ancêtres persécutés
(3e référence). Ils se transportent dans une autre époque (mmm...laquelle ? suspense!), celle des années noires (gagné), par exemple (oui, "par exemple"...). Je le leur reproche, et en même temps, je sais qu'être juif, c'est résister à l'Histoire, opposer à la succession des événements, des époques, des civilisations, non seulement l'obstination, mais même une sorte de coappartenance à un Peuple Éternel. C'est ce que dit Rozenzweig (transcription phonétique) : "au milieu du temps, se regardent les hommes de la simultanéité", les juifs sont les hommes de la simultanéité, ce qui veut dire que tous les juifs sont contemporains les uns des autres, et donc en un sens ! nous sommes contemporains de la Shoah (5e référence, je vais arrêter de les compter). Mais en quel sens justement ? Il ne faudrait pas que cette contemporainaité se traduise par la réalisation d'une sorte de scénarion de western et cette affaire me rappelle une anecdote terrible racontée par Primo Lévy (Finkie, l'anticommunautaire, mais qui s'exprime dans une radio communautaire, qui cite deux auteurs, et ce sont deux auteurs communautaires. Comment dit-on autisme en yiddish?) dans les "Naufragés et les Rescapés", son livre testamentaire. Vous savez, il allait dans les écoles, et il expliquait dans les écoles, et voici ce qu'il lui est arrivé une fois, une aventure dont il se souvient avec le sourire, mais il y a quelque chose de pathétique dans ce sourire, donc il est dans une classe de 5e élémentaire, il parle de ce qu'était Auschwitz, les camps de concentration. "Mais pourquoi ne vous êtes vous pas échappé ?" lui demande un éleve. Et Primo Lévy lui explique brièvement toutes les raisons...nous pouvons aisément comprendre pourquoi c'était inconcevable, mais, heu... à ce moment là, l'éleve peu convaincu lui demande de tracer au tableau un plan schématique du camp en indiquant l'emplacement des miradors, des portes, des réseaux, des barbelés, la centrale électrique. Il fait de son mieux, Primo Lévy, sous trente paires d'yeux attentifs, son interlocuteur étudie le plan pendant quelques instants, lui demande quelques explications supplémentaires puis lui expose le plan qu'il avait imaginé. Ici il fallait étrangler la sentinelle, ensuite revêtir son uniforme, ensuite après courir à la centrale et couper le courant électrique, et puis il lui dit pour finir "si cela devait vous arriver une autre fois, faites comme je vous ai dit, vous verrez que ça réussira....Et, dit Primo Lévy, cette anecdote illustre bien le fossé qui existe et qui s'élargit d'années en années entre les choses telles qu'elles étaient là-bas et telles qu'elles sont représentées dans l'imagination courante, alimentée par des livres, des films et des mythes approximatifs. Celles-ci glisse fatalement vers la simplification et le stéréotype, et je voudrais dresser une digue contre cette dérive. Oui ! notre mémoire est victime (victimes : nous ; victimaires : eux) de TOUS ces MAUVAIS films, de toutes ces histoires approximatives et...d'où la nécessité où nous sommes, si vous voulez, de...RÉSISTER en effet, à la succession des choses, de RESTER une sorte de peuple éternel, SANS POUR AUTANT...tomber dans...le stéréotype, parce que le stéréotype, voilà à quoi il nous mène (si quelqu'un pouvait m'expliquer le lien entre l'agressin des nervis contre la librairie, Soral, et ses lecteurs, il serait bien urbain, merci d'avance), et c'est la raison pour laquelle, en effet, j'ai tenu à ce que nous en parlions, et ce que nous en parlions longuement. Je PEUX COMPRENDRE le MOUVEMENT de pensée qui POUSSE à agir ainsi, j'ai PEUR que ça se reproduise, j'ai le MÊME MÉPRIS que ces jeunes (on passe de "jeunes excités" à "jeunes" tout court...) pour des libraires qui veulent donner une onction culturelle à un auteur de cabinet, mais il est absolument INDISPENSABLE QUE NOUS ÉLEVIONS, comme Primo Lévy, une digue contre des gens qui risquent de basculer dans le pire et dans la bêtise absolue." (ouf, 10 minutes, quand même, hein)

finkielkraut
du calme, Pédro, goûte ce café...




Demain, suite et fin de notre petit portrait d'A.F., "philosophe".

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Commentaires
M
Pourtant, en tant qu'européiste convaincu je suis favorable à un islam politique appuyé par mes camarades sionistes.
P
"BHL, sans doute le plus fin des quatre"<br /> <br /> ...<br /> hahaha <br /> <br /> Ou comment discréditer son propre sens critique en glissant une énormité dans un billet ma foi plutôt sensé.<br /> <br /> En tout cas merci, sincèrement, j'ai bien rit en lisant cette phrase.<br /> <br /> autant je suis d'accord avec ton analyse, autant j'ai le regret de te dire que malgré ça, Finkie reste le "plus fin" des 4 (quoique, j'hésiterai peut-être avec Bruckner)
M
C'est bien dommage, tout un billet sur des philosophes sans mentionner leurs ennemis de toujours depuis l'antiquité, à savoir les sophistes, qui se font passer pour les premiers par intérêt personnel. Socrate déjà ne pouvait pas les blairer!
M
"Ah, qu'il est doux d'être juif en cette fin de XXe siècle! Nous ne sommes plus les accusés de l'Histoire, nous en sommes les chouchous. L'esprit du monde nous aime, nous honore, nous défend, prend en charge nos intérêts; il a même besoin de notre imprimatur. Les journalistes dressent des réquisitoires sans merci contre tout ce que l'Europe compte encore de collaborateurs ou de nostalgiques de la période nazie. Les Eglises se repentent, les Etats font pénitence, la Suisse ne sait plus où se mettre". <br /> <br /> A. Finkielkraut, " Mgr Stepinac et les deux douleurs de l'Europe", Le Monde, 7 octobre 1998, p. 14.
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