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4 février 2012

Retour sur "J'enfonce le Clou" de Nabe

(article initialement publié sur la version hautetfort du blog, en date du 19 mars 2005)


Je fais décidément tout en retard. Depuis le temps que je devais reparler de ce livre sublime...Bref.

j'enfonce le clou est invariablement qualifié (au mieux) de livre "provocateur".
Provocateur.
Je ne supporte plus ce mot. Ceux qui l'emploient participent de ce flicage de la pensée. Tellement flics eux-mêmes qu'ils s'imaginent que toute opinion sortant de la doxa est une posture! Esbrouffe! SECOND DEGRE! C'est mal connaître les Soral, les Nabe, les Houellebecq que de les croire capable d'une telle infâmie. Le second degré, comme l'ironie, est le fard gras, luisant de la pensée fausse. La bouche en cul de poule des demi-habiles, dont parlait Bernanos. Ceux qui voudraient bien avoir l'air, mais qu'on pas l'air du tout!!
Non, Nabe est premier degré. Le lire est une épreuve physique. Nabe vous empogne et ne vous lache plus. Vous le détestez vous l'admirez, vous tournez la page. Voilà, c'est ça : vous tournez la page. Les imbéciles bernanosiens le liront car ils croiront qu'il dit tout haut ce qu'ils n'osent même pas penser tout bas (quel rebelle! quel provocateur! quel dandy!). BULLSHIT. Vous n'avez pas encore compris? Nabe est un écrivain politique. Refuser le second degré est un acte politique. La publicité, ce socle du système, est basé sur le second degré, le code, le clin d'oeil glauque et libidineux de l'amusé-complice, du cynique en peau de lapin. Ce que ses détracteurs ne supportent pas chez Marc-Edouard (quel beau prénom!) c'est qu'il écrive EXACTEMENT ce qu'il pense.
Et ce que ses adulateurs (bien moins nombreux, et c'est tant mieux, depuis Lueur d'espoir) ne supportent plus, ce n'est pas tant sa pensée que le fait qu'il ne l'enrobe pas. Mais c'est le XXIe siècle, les gars. Fini de rire!

J'y reviens, encore et encore, j'ai beau le lire, je ne vois pas ou est la provocation dans son texte sur Michael Moore (le meilleur du livre, à mon avis), qui est au contraire l'analyse la plus lucide, la plus fine que j'ai lu sur ce faux rebelle (sérieux, comment croire à la sincérité d'un type obèse qui vote Kerry?). Ou est-elle, la provocation dans les textes sur Saddam Hussein, sur l'abjecte guerre du Golfe II, sur les motifs réels du terrorisme?
C'est Glucksmann, le rebelle, c'est Glucksmann, le provocateur! Comment imaginer que la mèche grise de la néophilosophie se prenne elle-même au sérieux en attribuant au "nihilisme" (sic) les attentats du 11 septembre.
"Nihilistes" aussi, sans doute, les résistants de Falloudja. Ben tiens! On me bombarde, on démolit ma baraque, on zigouille ma famille, mais je vais tuer des Américains comme ça, pour rien, sans raison!

Nabe a compris que nous avions changé d'époque. Finies les années 90, fini le désespoir tranquille. Marc-Edouard jubile, et sa littérature s'adapte.

C'est peut-être seulement maintenant, à l'instant ou j'écris ce texte, que je comprend l'abandon du Journal Intime.

jenfonce_le_clou

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