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LINGANE
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22 avril 2009

histoires des grands partis politiques

Par parti, je n'entend pas ce qu'on entend depuis 1901, association à but luc...pardon, électoral. J'entend "parti" comme "prendre le parti de". Bref, faire la cartographie des idées politiques.

Remonter à 1789 n'est guère suffisant. De nombreux partis ont jalonné notre histoire. Pour faire vite, citons le parti aristocratique et le parti royal aux temps des Gaulois et de la première tentative royale arverne ; le parti impérial caroligien contre le parti national capétien, tout au long des IXe et Xe siècles ; le parti féodal contre le parti royal du XIe au XVe siècle (avec petites résurgences durant la Fronde) ; la lutte à trois entre le parti protestant (monarchomaque, pro-anglo-saxon), la ligue (ultramontaine, catholique, pro-espagnole) et le parti des Politique (favorable au trône et à la réconciliation). A partir de 1680, un basculement générationel et mental donne la prépondérance au parti des Modernes, jansénistes et libertins réunis contre la couronne. C'est de ce parti là que naitra le parti philosophique du XVIIIe. Ses ennemis : le catholicisme et la monarchie absolue. Certains de ses membres, toutefois, lutterons plus contre l'Eglise que contre la Monarchie (Voltaire), et puis il y a Rousseau, à part. Disons que la quintessence de ce parti, c'est Diderot, Condorcet, Montesquieu. Leur modèle est la monarchie affaiblie anglaise, si favorable au "doux commerce" et aux intérets bourgeois.

Pendant que le parti philosophique sape les valeurs du royaume, la couronne doit lutter, pour équilibrer un budget entamé par des guerres malheureuses, avec ce dernier résidu du parti féodal : le Parlement, cette absurde machinerie qui peut bloquer les lois décidées par le roi. Louis XV, par son célebre discours de 1766 puis par sa "révolution royale" de 1770, mettra au pas ce débris féodal. Malheureusement, Louis XVI rappellera les parlements (gage au parti féodal, qu'il associera pour son malheur à la monarchie) et par tempérament ou éducation, ne sera jamais convaincu par son métier de roi (héritage des pensées du parti des Modernes et du parti philosophique).

En 1789, puisque les parlements bloquent, et que le roi ne veut pas leur faire rendre gorge, on se décide à convoquer les Etats-Généraux. Plusieurs partis verront là l'occasion unique de faire tomber la couronne. D'abord les éternels comploteurs du parti orléaniste du Duc Philippe, franc-maçon notoire, jouisseur, amoral, parfait symbole du XVIIIe siècle pourrissant. Ensuite, la bourgeoisie du Tiers, depuis longtemps aigrie par la place qu'elle n'occupe pas et qu'occupent les nobles. Puis, la franc-maçonnerie, dont il ne faut pas exagérer l'influence, mais qui a joué son rôle. Ne parlons pas des Anglais ou des Prussiens, dont les agents et l'argent ont graissé quelques pattes, mais ils n'ont rien déclenché, juste profité du kairos.

Le peuple ? Aucune volonté particulière, juste un mécontentement devant une conjoncture un peu difficile, mais jamais la France n'a été aussi riche que sous Louis XV et Louis XVI.

Si l'on néglige la portée économique de la révolution (qui se résume, l'achat des biens nationaux par la monnaie-papier des assignats le démontre, par un transfert de richesse de l'ancienne aristocratie foncière vers la nouvelle bourgeoisie capitaliste), on peut tracer le schema suivant de l'évolution des partis.

Le parti royal tout d'abord, qui disparait, s'effondre totalement. Par manque de chef (Louis XVI n'était pas assez royaliste, et ses frères avaient fui le royaume dès le début des troubles) essentiellement.

Le parti orléaniste : Philippe-Egalité maneuvre notamment lors des journées d'octobre pour faire destituer le roi. La maneuvre est découverte, il s'enfuit en Angleterre, puis revient, se couvre d'immondice en votant la mort de son cousin, puis termine guillotiné. Ce parti personnel et immonde ne renaitra que 35 ans plus tard.

Le parti féodal des parlements  : l'assemblée nationale sera moins timide que Louis XVI, et supprimera cette fonction ridicule dès le début de la révolution. Fin du parti féodal.

Le parti des lumières, qui contrôle la nouvelle assemblée nationale, sera vite nommé bien justement parti libéral. Ce parti se scindra en de nombreux groupes, que nous allons détailler, mais essentiellement, en deux fractions, pas si irréconciliables que cela, mais qui divorceront (provisoirement) tout de même : le parti libéral proprement dit (qui comprendra deux nuances, dans l'ordre chronologique d'abord les partisans d'une monarchie constitutionnelle à l'anglaise, ce sont les monarchiens, puis les feuillants ; et les "plus modérés des modérés" du parti rival, partisans d'une république libérale, l'aile droite des  girondins). Globalement, le parti libéral comprend :

  • Les monarchiens sont les députés de juin 89 qui, d'emblée, se prononcent pour le véto royal (ce qui n'en fait pas des "royalistes", loin de là, puisqu'ils refusent au roi l'essentiel, à savoir le pouvoir législatif.
  • Les feuillants sont une scission du parti jacobin, partisans du respect de la nouvelle constitution, qui laisse un "roi des Français" sur le trône.
  • Les girondins "de droite" ne sont qu'une fraction du parti girondin (que nous étudierons plus loin), effrayés par la Terreur, qui se rendront compte, mais un peu tard, qu'ils se sentent au fond plus libéraux que républicains.
  • Les résidus du parti orléaniste, nobles libertins, haut-clergé jureur, grosse bourgeoisie d'affaire.
  • Les thermidoriens affairistes du Directoire.

Face au parti libéral, ou plus précisément en avant de lui, nous trouvons le parti républicain. Ceux-ci se font appeler le parti des patriotes. Il se divise en trois tendances :

  • Les Jacobins, le club le plus important, qui comprend des sections dans tout le pays. Club élitiste, sa cotisation élevée en fait le lieu de rencontre favori des bourgeois.
  • Les Cordeliers, aux idées semblables à celles des Jacobins, mais dont les cotisations plus faibles en font un parti plus populaire, et surtout plus parisien.
  • Les Enragés, qui apparaitront plus tard dans la partie.

Chacun de ces partis se subdivise lui-même en tendances.  Voyons d'abord les tendances chez les Jacobins :

  • Première scission avec le départ des Feuillants, qui ne veulent pas d'une république (ils ne sont donc pas républicains, mais comme ils sont issus du club emblématique des républicains, on se devait de les évoquer)
  • Deuxième scission en 1792, entre les Girondins, moins favorable à la centralisation absolue, et
  • Les Montagnards, qui se rapprochent des Cordeliers, tirent leur force de Paris. Ils commencent par s'opposer à la guerre, voulue par les Girondins, mais finissent par s'y rallier.

Après l'élimination des Girondins, puis la chute de Robespierre, les Jacobins disparaissent, mais laisseront deux tendances qui, si elles ne se revendiquent pas expressement du Club, sont toutefois leurs héritiers incontestables. Il s'agit :

  • Des thermidoriens, ramassis d'assassins plus veules et plus lâches que les idéalistes robespierristes, qui se perpétueront dans une sorte de dictature centriste (on fusille les républicains, on mitraille les royalistes) qu'on nommera Directoire. Ils ne renient toutefois quasiment rien de l'héritage de la Convention.
  • Des Bonapartistes, qui foutront les Thermidoriens à la Seine, partisans d'un régime personnel mais républicain dans l'âme.

Après les Jacobins, voyons les tendances chez les Cordeliers :

  • Les indulgents, conduit par Danton, qui souhaient mettre un frein à la Terreur
  • Les Exagérés, menés par Hebert, qui souhaient au contraire son accélération.

Ces deux tendances finiront guillotinées au printemps 1794, de même que les Enragés, dont la pensée se perpétuera toutefois avec les Babouvistes, ancêtres du parti communiste.

Il convient tout de même de simplifier ce fatras : excepté chez les babouvistes et les Enragés, aucun des partis, tendances ou clubs ne mettra en cause les réformes ultralibérales prises dès le début de la révolution (interdiction du droit de grève, tour de passe-passe de la vente des biens nationaux, etc.). Ce qui sépare le parti républicain du parti libéral n'est pas le système économique. Mettons que les républicains ajoutaient à l'intérêt de classe un idéal (fin de l'influence catholique, éradication de la monarchie) assez conforme à l'idéal franc-maçon, là ou les libéraux purs ne voulaient que des lois bourgeoises et un régime parlementaire (deux choses qui ne dérangent en rien les républicains, d'ailleurs).

Le bilan, en terme d'histoire des courants politiques, de la décennie révolutionnaire peut se résumer comme suit :

- le parti féodal est définitivement mort (si j'ose ce plénoasme).

- le parti des lumières se divise en deux branches (libéraux et républicains).

- le parti césarien renaît de ses cendres (on en avait plus entendu parler en France depuis 2 000 ans), incarné par le petit Corse.

- le parti royaliste est exsangue, ce qui aura des conséquences gravissimes pour lui au siècle suivant puisque désormais, il sera controlé par ses ennemis séculaires : les aristocrates.

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