carte électorale de Marine Le Pen (2002-2012 et 2007-2012)
Elles sont assez révélatrices, ces cartes comparatives. La première montre l'évolution du score du candidat EXD entre 2002 et 2012 (2002 avec Mégret).
On voit un net recul dans les zones urbaines, ce qui confirme la déconnexion croissante entre le FN et les catégories "intégrées" à la mondialisation (cadres, fonctionnaires). Les reculs en Lyonnais, Savoie, Alsace et Côte d'Azur sont sûrement du à la captation d'un vote droitier mais résolument libéral par Sarkozt. Plus étonnant, en revanche, est l'effondrement dans le val de Meuse, le bassin ouvrier ardennais.
MLP progresse surtout dans les cantons ruraux, mais je ne m'explique pas bien sa percée énorme du centre-ouest. Peut-être des chiraquiens fidèles à l'homme, mais nationalistes quand même ?
l'évolution 2007-2012 efface l'effet Chirac. Il ne s'agit plus que du sarkozisme, et uniquement du sarkozysme.
Dans ses zones de force, le grand nord-est, au-dessus de la ligne Le Havre-Genève, la progression est faible, mais d'un point de vue relatif uniquement. On parle quand même là d'une hausse de 30 %.
Le point significatif et intéressant de la carte, et qui résoud un peu le mystère du centre-ouest, ce sont les fortes hausses de l'ouest. Là, plus de doute : ce sont les vieilles terres historiques de la droite qui se sont reporté massivement sur MLP. Gascogne blanche, Rouergue, et TOUT l'ouest chouan et vendéen. On reconnait les bastions : le Léon, la Vendée et son voisin poitevin, et surtout "l'arc armoricain", cette courbe à droite depuis les Mérovingiens, qui va de Cherbourg à Cholet. Quelques terres de gauche sont aussi grignotées : le Dauphiné et le bassin minier lorrain.
En résumé, MLP prend des voix de droite à l'ouest, des voix de gauche à l'est, des voix rurales partout. 18% n'est pas un score mirobolant, mais on n'est plus très loin de la barre cruciale des 20% qui forcerait l'UMP à passer des accords ou mourir. On se souvient que tout le temps ou le PCF était au-dessus des 20%, la gauche était condamnée à l'opposition, à moins de s'allier aux centristes (1947-1958). Le PS refusa l'alliance communiste jusqu'à la fin des années 60.
20% c'est aussi la barre cruciale pour disposer, quasi-automatiquement, d'élus locaux, qui aident à renforcer le maillage.
Là ou ça va tanguer, c'est que la république, au-delà de 20%, devra assimiler le FN, c'est-à-dire le vider de son contenu, ou disparaître. On dit souvent que le FN s'est recentré, et peut-être ses leaders sont-ils sincères, mais la force de gravitation de son électorat de gré ou de force, l'orientera fatalement vers l'antirépublicanisme et son dogme central de l'égalité. Sans cela, il sera impuissant face à son ennemi : l'immigration.